Mé moires

Le temps travaille par couches de mystification, la mémoire se perd et les trames de la compréhension se confondent. Cette confusion de sens donne le moirage, effet optique dû à la superposition de deux ou plusieurs trames.

Ou encore, c’est une histoire de fantômes (pour emprunter un autre terme à l’imprimeur), les traces d’anciens dessins restés gravés dans un support d’impression. La trace se mêle avec le nouveau dessin en lui donnant des caractéristiques imprévues.

Ce projet est une méditation sur des objets encore là mais disparus, appartenant à un passé révolu mais dont ils témoignent encore, que l'habitude rend invisibles dans l’opacité du quotidien.

C'est une archéologie de l'imaginaire, une manière d'enquêter sur leur silence, sur les traces d'une mémoire qui s’efface et qui s’invente au fur et à mesure de leur abandon, comme les langues qui meurent tous les jours, la myriade de gestes autour du monde qui servaient à produire de l’éclairage et qui laissent la place au geste de la main qui allume l’interrupteur de l’éclairage LED domestique...

Ces fantômes et ces moires qui sont l’objet de l’enquête deviennent des rébus sans solution, des énigmes, des images cryptées. Elles parlent leur langue, qui est une question de communauté, comme toute langue, qui est une question d’imaginaire partagé, comme toute communauté.

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